mercredi 24 février 2010

3D : un pur argument marketing ?


La stéréoscopie existe dans le mode professionnel et en particulier la simulation depuis de nombreuses années. Sur les premiers casques virtuels DLP, c'est 2 mini projecteurs qui affichaient les images gauche et droite sur des miroirs positionnés à 90°. La fréquence utilisée à cette époque (1996 pour être précis) était de 60 Hz. Cette fréquence était alors très juste mais uniquement dans cette utilisation de casque virtuel. En effet, pour reproduire une vision humaine en fonction d'un mouvement de tête, on a besoin de beaucoup plus d'images par secondes qu'en cinéma.

Sur écran fixe en simulation virtuelle avec lunettes 3D, le 60 Hz était beaucoup plus acceptable. Mais le rafraichissement des obturateurs LCD n'était pas assez rapide. Au fil des ans, les ingénieurs ont donc augmenté le rafraichissement des lunettes actives jusqu'à plus de 200 Hz, faisant alors disparaître toute gêne visuelle.

Puis, la 3D est arrivée avec AVATAR qui a déclenché les hostilités marketing.

Tout d'abord, on nous dit qu'en 3D, le 60 Hz n'était pas suffisant et qu'il fallait du 120 Hz (en analogie avec le 60 Hz de la télévision US). Cette histoire de 120 Hz a semé le doute dans l'esprit des utilisateurs car en cinéma, le 120 Hz ne fonctionne pas. En effet, il faut un multiple de la fréquence pour que l'affichage 3D soit fluide (judder 3D). La fréquence idéale est donc soit 144 Hz soit 192 Hz. Puis on nous dit qu'à cause de cette fréquence élevée, il fallait absolument changer de norme HDMI et passer au HDMI 1.4 qui devient la seule manière d'afficher correctement de la 3D... Il s'en suivrait alors un rachat complet de l'ensemble du matériel de diffusion : ampli, TV, récepteur TV, vidéoprojecteur, câbles... Bref ! C'était un excellent argument commercial bien juteux !

La véritable raison du 120 Hz (ou 144 Hz) est dans le rafraîchissement des lunettes actives et des écrans. Un signal 48 Hz (2x 24 Hz) suffirait donc pour la transmission des données en film Blu-ray. Pour les concerts et documentaires qui sont filmés en 60 Hz, ils sont en 1080i soit une demi-résolution verticale. Un signal 60p (60 Hz progressif) pourrait être donc suffisant. Dans ces 2 dans, la liaison HDMI 1.4 n'est absolument pas nécessaire. Mais voilà, on ne pourrait plus nous vendre de matériel estampillé HDMI 1.4 et nous faire tout changer (TV, câbles, ampli)... Du coup, tout a été VOLONTAIREMENT verrouillé.

Aujourd'hui, les constructeurs sont tombés dans leur propre piège... C'est Panasonic qui a tiré le premier en indiquant que ses lecteurs Blu-ray 3D disposeraient de 2 sorties HDMI et qu'en séparant le son et l'image, il n'y aurait plus besoin de changer son ampli Home Cinéma ! Bien entendu, les autres fabricants ont vite réagi et en particulier chez Sony où l'on nous a vanté les mérites de la PS3 qui, grâce à son puissant processeur, serait compatible 3D ! Puis ce fût le tour des platines de salon Sony qui peuvent maintenant comme par enchantement se dispenser de HDMI 1.4...

Si ce revirement marketing est encourageant, il parait malheureusement très improbable que ce qui fût le cas pour l'audio le soit pour la vidéo. Il y aura forcément des solutions "alternatives" pour pouvoir afficher de la 3D en Full HD sans se ruiner mais ce sera complexe et certainement pas à la portée de tout le monde. La plupart des gens devront casser une tirelire bien remplie pour profiter des joies de la 3D à la maison.

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