mardi 6 août 2019

Critique de ALITA : BATTLE ANGEL (2019) de Robert Rodriguez



💡 À savoir :

ALITA : BATTLE ANGEL est une adaptation du manga (Bande Dessinée Japonaise) GUNNM en prise de vues réelles, couplée à de l’animation 3D. C’est Guillermo Del Toro (Hellboy, Pacific Rim) qui a fait découvrir cette oeuvre en 9 tomes à son bon ami, le réalisateur James Cameron (Titanic, Avatar) il y a une vingtaine d’années. Pris de passion pour son histoire science-fiction à tendance cyberpunk, et pour son héroïne aussi surpuissante qu'attachante, ce n’est qu’en 2015 que James Cameron confie la réalisation de ce projet à Robert Rodriguez (Desperado, Sin City) qui le portera enfin à l’écran en 2019.

Rosa Salazar (divergente, le labyrinthe) est choisie pour jouer le rôle d’Alita (appelée Gally dans le manga, Alita est son nom donné dans la version Américaine). Elle s'est par ailleurs entraînée aux arts martiaux pendant plusieurs mois sur un rythme de 2 heures par jour, 5 jours sur 7 pour arriver à convaincre en tant qu'Alita. Elle a également raconté qu'elle s'amusait à colorier des images des albums dessinés pendant le tournage.

Ido, quant à lui, est brillamment interprété par Christoph Waltz (Inglorious Basterds) dont le charisme colle parfaitement à ce personnage au caractère très paternel et protecteur.

Au 26ème siècle, les cabinets médicaux auront tout de même quelque peu évolué.

📖 L’histoire :

En l’an 2563, une cyborg en piteux état, se fait recueillir par Ido, un médecin spécialisé dans les augmentations biomécaniques qui la trouve dans une décharge. Ido arrive à la réparer et à la réveiller de son long sommeil énigmatique, mais elle découvre alors qu’elle est amnésique. Il décide donc de la baptiser “Alita”. Ce futur, et cette mégalopole tentaculaire d’Iron city, ne lui rappellent rien, pas plus que Zalem, la gigantesque cité céleste fascinante qui surplombe la ville de très haut. Le docteur comprend rapidement que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme bien humaine au passé mystérieux et extraordinaire.

Alita va tenter de comprendre qui elle est réellement et d'où elle vient, tout en se mesurant aux forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City. C’est dans cette adversité impitoyable, qu’elle découvrira ses propres capacités de combat uniques et innées, convoitées par ses ennemis.

Vu d'Iron City, la cité suspendue de Zalem semble être loin de dévoiler ses secrets.

📹 Réalisation / mise en scène :

Il n’y a rien à redire sur la beauté visuelle de ce blockbuster dont le budget est chiffré à 200 millions de dollars, sans compter la partie marketing (de très loin le plus gros budget accordé à Robert Rodriguez après son Sin City 2 et ses 65 millions de dollars de budget). Les décors et environnements sont très denses, la ville d’Iron City (appelée “la décharge” dans la saga originale) grouille de détails et de vie, et les monstrueux cyborgs sont photo-réalistes. Les combats s'avèrent spectaculaires et les scènes d’action époustouflantes (mention spéciale pour la scène ébouriffante du Motorball). La bande-sonore sensationnelle accompagne remarquablement bien le suspense et la tension ressentis. En fait, c'est toute l'esthétisme qui est fondamentalement un quasi sans-faute, nous plongeant dans le grandiose à chaque plan, on s'y croirait véritablement car l'immersion est à son apogée.

L’ambiance générale cyberpunk est assez fidèle au récit nippon, de ce coté-là nous ne pouvons qu'admettre que le contrat est bien rempli, même si tous les aspects les plus lugubres et ultra-violents du scénario de départ ont été édulcorés pour permettre une meilleure digestion du grand public.

Dommage que le niveau de qualité d'écriture ne soit pas de cet acabit. L’intérêt ne suit pas autant dans le fond que dans la forme concernant les dialogues souvent assez convenus, et pas toujours très cohérents ni même crédibles. Il est donc assez difficile pour un novice, étranger au monde de GUNNM, d'être entraîné intégralement dans cette intense quête initiatique et identitaire.

Combat de regards entre une cyborg et un droïde.

💛 Impression générale :

Malgré les moyens pharaoniques engagés pour flatter notre rétine avec une certaine réjouissance non dissimulée, le préambule de cette épopée a malheureusement aussi de quoi décevoir. Les spectateurs non-initiés à cet univers regretteront une conclusion bien trop ouverte puisque le film s’achève en laissant espérer une suite directe, qui n’arrivera probablement jamais, vu le flop relatif qu'il a fait au box-office mondial. C’est d’autant plus regrettable que personne ne peut vraiment saisir tous les enjeux principaux de l’intrigue générale tant que nous n’avons pas droit à cet aboutissement final.

En ce qui concerne les aficionados de cette aventure cultissime, ils déploreront que l’adoucissement généralisé et les énormes raccourcis scénaristiques ne rendent pas forcément hommage à la saga japonaise. Toute la noirceur extrêmement glauque et atroce qui se dégageait des dessins du mangaka Yukito Kishiro (père de la licence), a été complètement atténuée, ainsi que la profondeur de l’histoire et de ses personnages qui sont totalement simplifiés ici.

En vérité, ce portage n'essaye pas d' "adapter" GUNNM au cinéma, mais plutôt de s'en "inspirer" au mieux. Et finalement, c'est certainement le meilleur moyen pour faire un premier pas léger et innocent dans la découverte de cette oeuvre mythique. En effet, le film a bien ce mérite de pouvoir inciter les profanes à aborder ce classique nippon à la fois fantastique et cruel. Alors si vous voulez connaître la suite de cette odyssée mémorable, et que vous en avez l'occasion, foncez dévorer tous ses volumes manuscrits sans hésiter! 

Je sens qu'il ne vaut mieux pas que je me retourne.

Critique rédigée par Damien


🏆 Notes parmi l'équipe :

Damien

Olivier


Raphaël

Christophe