lundi 28 octobre 2019

Critique de THE DEAD DON’T DIE (2019) de Jim Jarmusch


💡 À savoir :

The Dead Don’t Die est un film d’auteur, et plus précisément une comédie horrifique. Il est réalisé par Jim Jarmusch (Ghost Dog) qui revisite à sa sauce atypique le thème d’une invasion de zombies en milieu rural, vue par une galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres.

Il fit l’ouverture du festival de Cannes 2019, ce qui est à souligner car cela arrive rarement pour des films de genre. En revanche il est à préciser que Jim Jarmusch est un habitué de cet événement : depuis 1984 et la Caméra d’Or obtenue pour Stranger Than Paradise, six autres longs-métrages du cinéaste ont été sélectionnés.

L'oeuvre s’offre un casting 5 étoiles puisque, après avoir chassé les fantômes dans Ghostbusters, et s’être fait prendre pour un mort vivant dans Bienvenue à Zombieland, c’est Bill Murray (Un jour sans fin) qui incarne l’impassible shérif Cliff Robertson. Il donne la réplique à Adam Driver (Star Wars VII + VIII + IX) qui campe son pessimiste collègue Ronald Peterson. Chloe Sevigny (Mr Nice) joue leur insipide collègue policière. Tilda Swinton (OKJA) interprète le rôle saugrenu d’une croque-mort samouraï écossaise à la rescousse. Danny Glover (L'arme fatale) est aussi de la partie sous les traits du bienveillant Hank Thompson, et il se frotte à Steve Buscemi (The Big Lebowski) qui joue le detestable fermier Miller. D'autres stars viennent également se rajouter à ce défilé, par contre nous ne vous en révélerons pas plus ici pour éviter de vous "divulgacher" le peu d’intérêt de leurs interventions, dignes de simples caméos.

lorsque l'on fait face à la mort, il ne reste qu'un silence de mort.

📖 L’histoire :

La petite ville morne de Centerville, véritable trou paumé dans la paisible campagne américaine, se voit libérée de sa torpeur habituelle en devenant le théâtre d’événements étranges et surnaturels. Le jour reste levé jusqu’à très tard le soir, les actualités télévisées effrayantes ne montrent plus que des scientifiques alarmistes, et les animaux deviennent craintifs et fuyards, de quoi bouleverser totalement la routine des occupants.

Nous suivons alors une petite équipe locale de trois pauvres policiers sans histoire, épaulée par une nouvelle habitante mystérieuse. Ainsi, ils vont devoir faire face à une résurrection des morts, totalement inexplicable.

Au fil de la découverte des différentes victimes parmi les membres de la commune, et au fur et à mesure des preuves qui s’accumulent, notre petite troupe de héros du dimanche doit bien finir par se rendre à l’évidence et par croire en l’impensable : ils sont en train de subir une attaque de revenants du royaume des morts.

La horde devient alors de plus en plus dangereuse, et à mesure que la menace grandit dans la municipalité, tous les résidents, aussi amorphes soient-ils, vont devoir se battre pour survivre.

Bah alors les gars, ne faites pas cette tête, on dirait que vous avez vu un mort ! ... OUPS !

📹 Réalisation / mise en scène :

Cette production bizarroïde possède une réalisation et une mise en scène qui ne se gênent pas pour prendre leur temps. Le rythme est lent, à la limite du soporifique, et c’est bien trop manifeste pour être gratuit et innocent, en réalité ce style est utilisé volontairement pour nous transmettre un message. 

La photographie est plutôt sombre en général, et la colorimétrie fait dans le réalisme. Les plans de caméra sont quasi-léthargiques, néanmoins cela ajoute à l’ambiance lourde et pesante du long-métrage.

La dimension comique de cette satire baigne dans de l’humour noir formidablement décalé, agrémenté de références bien trouvées et de rôles secondaires aussi inattendus qu’inutiles à l’avancement du récit.

Jim Jarmusch vient compléter la longue liste des réalisateurs rendant hommage au maître du genre, George A. Romero et son fameux La nuit des morts vivants. D’ailleurs, à sa manière particulièrement farfelue, il reprend tous les codes qui ont fait de l’oeuvre culte de Romero, l’un des films d’horreur les plus connus de tous les temps, avec du fantastique et de l’épouvante doublés d’une parabole politique et sociale.

L’action est longue à la détente mais reste gentillette et n’atteint jamais vraiment des sommets dans le gore. Il s’agit surtout d’une production qui mise tout sur son ambiance "malaisante" et ses dialogues autant improbables que pragmatiques, face à des situations aussi périlleuses que rocambolesques.

Quand tu tends le baton pour... exploser des têtes de zombies!

💛 Impression générale :

Il est très difficile de se prononcer sur ce film si spécial et troublant. En effet, même si son étrangeté peut s’avérer assez marquante, une chose est sûre, elle va forcément diviser les spectateurs. Par ailleurs les critiques sont effectivement loins d’être unanimes, et cela n'a rien de surprenant tant le visionnage peut nous dérouter et nous laisser pantois. 

Les avis peuvent largement osciller entre une incompréhension relativement écœurante, et à l'inverse, une affection sympathique assimilée à une certaine curiosité morbide. L'atmosphère est tellement déconcertante que l'on peut facilement s'y perdre et ne plus savoir sur quel pied danser. Au moins, il serait bien impossible de lui reprocher un manque d'originalité, et ce, malgré un sujet déjà traité mille et une fois, sous tous les angles et sur tous les supports culturels existants.

Seulement, si l’on arrive à déceler les subtilités d’écriture et de mise en scène de cet OVNI cinématographique, alors les comportements nonchalants de ce panel de protagonistes apathiques nous montrent bien explicitement une critique métaphorique des tréfonds de notre société actuelle. Car au final, ne sommes-nous pas nous-mêmes les pires des morts vivants?

Mais la décapitation de revenants au Katana ça fonctionne plutôt pas mal aussi !

🏆 Notes parmi l'équipe :

Damien


Critique rédigée par Damien