vendredi 17 janvier 2020

Critique de Ça : chapitre 2 (2019) de Andy Muschietti


 💡 À savoir :

Réalisé par le surdoué Andy Muschietti, déjà aux commandes de l'opus précédent en 2017, ce réalisateur fait partie de la nouvelle vague marquant le renouveau du cinéma d’horreur espagnol. Avant l’épisode initial de Ça il y a deux ans, Andy n’avait fait ses preuves qu’en réalisant uniquement l’effrayant Mamà en 2013, mais il pouvait alors compter sur un producteur délégué particulièrement reconnu, ce très cher Guillermo del Toro (Le labyrinthe de Pan).

Ces deux films d’épouvante sont des nouvelles versions "revisitées" des deux téléfilms de 1990, Ça et Il est revenu où le clown sadique était personnifié par un Tim Curry (Maman j’ai encore raté l’avion) au meilleur de sa forme quand il s'agissait de traumatiser plusieurs générations pendant plus de 25 ans.

Tous sont adaptés du roman "Ça" de l’illustre écrivain Stephen King, qui comptait l’intégralité du combat entre le Club des Losers et le terrifiant Grippe-sou, de l’enfance à l’âge adulte. Ce livre fut la meilleure vente littéraire aux états-unis durant l’année de sa publication en 1986. Ces dernières représentations modernes sur grand écran se veulent sensiblement plus fidèles que les téléfilms d’il y a 30 ans par rapport au récit original de l'éminent compteur d’histoires lugubres.

D'ailleurs, Stephen King lui-même fait une brève apparition rigolote en cameo dans ce second volet, il n'en tiendra qu'à vous de le reconnaître.

Cette fois les rôles des chérubins devenus des grandes personnes, sont tenus par des acteurs qui ont fait leurs preuves. Ainsi, nous découvrons que James McAvoy (Split) interprète un Bill qui n’a apparemment rien perdu de son bégaiement. Jessica Chastain (X-Men : Dark Phoenix dans lequel elle donnait déjà la réplique à James McAvoy) joue une Beverly encore choquée et fragilisée par ses expériences malheureuses d'antan. Bill Hader (La nuit au Musée 2) fait un Richie névrosé, cinglant et cynique histoire de mieux cacher son secret qu’il pense inavouable. Jay Ryan, principalement habitué à jouer dans des séries TV (Beauty and the Beast), incarne ici le petit Ben qui, en dépit de sa transformation physique depuis l’enfance, reste enfermé dans sa solitude, rongé par ses complexes d’obésité qui le poursuivent. James Ranson (Oldboy) quant à lui, est Eddie, et conserve toute sa nervosité et son tempérament à tendance hypocondriaque. Isaiah Mustafa (Le rêve du chanteur masqué) endosse le rôle de Mike, celui qui va tous les réunir à nouveau autour de leur périlleuse mission commune. Enfin, c’est Bill Skarsgard (Divergente 3) qui rendosse le costume putride de l’effroyable clown dansant Grippe-Sou (PennyWise en version originale).

Je ne sais pas pour vous, mais personnellement il ne m'inspire pas trop confiance 🤔

📖 L’histoire :

27 ans se sont écoulés depuis que les membres du Club des Ratés ont vaincu l’abominable Grippe-Sou.

Cette victoire a laissé un goût très amer à notre bande de joyeux camarades, même une fois l'âge mûr atteint.

En effet, maintenant tous adultes, le groupe avait fini par se séparer et quitter leur ville de Derry, s’éparpillant sur le continent afin d’oublier cette expérience traumatisante qu’ils avaient vécue. Dorénavant, ils essaient de vivre leur vie tranquillement, tout en continuant à lutter contre leurs démons du passé qui les rattrapent.

Mais c’était sans compter sur la réapparition inattendue de l'histrion sanguinaire dans la ville où ils ont grandi.

Seul Mike était resté sur place depuis tout ce temps pour continuer à surveiller, et il se trouve que ses craintes profondes finirent par se matérialiser puisque c’est lui qui apprend le retour de l’ignoble créature en premier, et qui fait donc en sorte de réunir le fameux Club des Losers à nouveau.

Ils s’étaient tous faits cette promesse d’en venir définitivement à bout dans le pire des cas où "il" finirait par revenir. Seulement pour mener leur dangereuse mission à bien, ils devront d'abord recoller les morceaux enfouis de leur mémoire lointaine. Etant donné que notre équipe d'amis partagent tous, à différents niveaux, une amnésie commune, ils vont devoir improviser chacun leur tour face à l'affreux clown métamorphe toujours autant manipulateur. Amateur forcené de torture psychologique, il entretient plus que jamais son goût prononcé pour l'hémoglobine. Arriveront-ils à surmonter leurs plus terribles angoisses de sorte à pouvoir respecter leur pacte de sang, et occire cette entité mystérieuse et diabolique une bonne fois pour toutes?

Club des Losers, RASSEMBLEMENT !!!

📹 Réalisation / mise en scène :

Ce deuxième chapitre est bien ancré dans la continuité de celui qui le précède. Ainsi, nous y retrouvons la ville de Derry abîmée par le poids des années tout comme nos héros empreints de mélancolie.

Le défi de faire cohabiter deux époques distinctes dans le même récit était difficile à réaliser. En effet, il fallait jongler judicieusement entre le présent se déroulant à notre époque, et les flashbacks omniprésents qui se déroulent 27 ans plus tôt. Force est de constater que cette partie là est parfaitement maîtrisée de bout en bout, tant les allers-retours dans le temps qui sont offerts aux yeux du spectateur, s’enchaînent avec fluidité et justesse. Les différents plans de transitions temporelles utilisés sont plutôt discrets mais astucieusement tournés.

Les relations entre les personnages sont souvent touchantes, imprégnées de nostalgie, et les rendent attachants, comme lorsque nous assistons à leurs émouvantes retrouvailles. L’alchimie se ressent énormément le peu de fois où nous les voyons tous réunis ensemble, cependant l'intérêt retombe bien vite face aux intrigues s’attardant (bien trop) longuement sur les têtes d'affiche. Ce découpage qui développe les traumas de nos perdants préférés, est franchement irrégulier. Dosage maladroit qui met à l'écart certains des protagonistes relégués au rang de quasi-figurants, complètement inutiles voire même inexistants, tandis que les états d’âme des autres se voient à peine effleurés, de par l’atrophie générale de l’écriture.

Les acteurs essayent de faire au mieux avec le peu de dialogues inspirés qu'ils ont, ce qui ne contribue pas vraiment à nous identifier à ces personnalités bien trop maigrement dépeintes. Néanmoins, leur prestation reste à saluer puisque, malgré ces raccourcis scénaristiques et quelques séquences inutilement chronophages, il faut bien reconnaître qu’ils font bien le boulot en bonne et due forme, et que leur palette d’émotions reste interprétée de manière saisissante. Nous pouvons aussi assister à une romance triangulaire sobrement développée, qui apporte un bonus non négligeable dans la narration, sans tomber dans le piège classique d'une mièvrerie dégoulinante.

L’imagerie monstrueuse autour de l’immonde croque-mitaine, souffre également d’instabilité tellement elle peut largement osciller entre le gros malaise bien étudié pour un rendu extrêmement dissonant, et le ridiculement grotesque malgré lui. Effectivement, sur ce point, les fameuses apparitions de Grippe-Sou font monter insidieusement la tension, et instaurent une ambiance pesante et inquiétante parsemée de lenteurs bienvenues, jusqu’à ce que chacune de ces scènes se terminent en apothéose à base de “jump scare” (bruit + image soudaine dans le but de faire sursauter) bien bourrins qui débordent d’images de synthèse pas nécessairement très crédibles.

Il est assez dommage que ces passages déchirant le tissu de la réalité ne maintiennent pas leur atmosphère malsaine jusqu'à leur point culminant, et se terminent mécaniquement en déluge soudain d’effets spéciaux numériques qui brisent le naturel et nous sortent totalement de l’intensité graduelle de l'action. Cela donne parfois davantage l’impression d’être devant une adaptation des bouquins d’épouvante “Chaire de poule” issus de la littérature jeunesse, que devant une adaptation d’un des plus célèbres ouvrages du roi de la peur, j'ai nommé Sir Stephen King. Les quelques répliques “humoristiques” ciblées pour désamorcer les enjeux lors des plus hauts pics de suspense, n’aident pas non plus dans l’immersion et l’implication du public. 

Au clair de la Lune, mon ami Pierrot !

 💛 Impression générale :

Inégal, ce Ça : chapitre 2 fait manifestement moins l’unanimité dans cette suite. Moins attachant, moins surprenant, et moins terrifique, le long-métrage suit strictement le même schéma narratif que son prédécesseur, du début à la fin, ce qui peut s’avérer relativement lassant. Hélas, la répétition cyclique de ces passages rend l’action redondante et donc forcément ultra prévisible.

Heureusement il arrive à ajouter une touche de nostalgie poignante au sein de son scénario, ce qui apporte un renouveau fort bienvenu dans cette course poursuite infernale "en dents de scie" d'une durée assez poussive de 2h50.

Ça, avait rapporté 700 millions de dollars au box office en 2017 pour un minuscule budget de 35 millions de dollars autrement dit, il avait réussi l’exploit de multiplier sa mise par 20.

Ce deuxième opus se dote d’un budget qui a plus que doublé, atteignant les 80 millions de dollars, pourtant cette fois il ne rapporta “que” 450 millions de dollars au box office, soit un peu plus de 5 fois sa mise de départ.

Par conséquent, le record battu par l’oeuvre antérieure pour le meilleur démarrage d’un film d’horreur de tous les temps, ne sera décidément pas réitéré ici, car au final les foules ne se seront pas précipitées en masse dans les salles obscures ce coup-ci hélas.

En même temps il fallait s'y attendre, dans une telle saga horrifique, à y suivre une clique qui se fait surnommer le Club des "Losers", évidemment qu'on ne peut pas gagner à tous les coups.

Mais qu'est-ce que c'est que ce cirque?!

🏆 Notes parmi l'équipe :

Damien

Olivier


Critique rédigée par Damien