vendredi 24 juillet 2020

Critique de INVISIBLE MAN (2020) de Leigh Whannell



💡 À savoir :

Réalisé par Leigh Whannel (vu dans le film Saw dont il était aussi le scénariste), Invisible Man est une réinterprétation audacieuse du roman de H.G. Wells publié en 1897. À l'époque, l'histoire narrait l'évolution immorale d'un scientifique qui découvre le secret du pouvoir de l'invisibilité, et en abuse de toutes les pires manières.

H.G. Wells étant déjà fort connu pour ses histoires fantastiques monstrueuses telles que L'île du docteur Moreau, La guerre des mondes, en définitive c'est la légende de l'homme invisible qui va véritablement passionner Leigh Whannel depuis son enfance et lui donner envie de mettre en scène ce reboot de la licence.

Universal Pictures est le plus ancien studio hollywoodien encore debout aujourd'hui depuis les prémices du cinéma américain. Derrière ces studios précurseurs, il y a la création de l'ancêtre de tous les "univers cinématographiques partagés" puisqu'ils sont à l'origine des "Universal Classic Monsters", des années 1920 jusqu'aux années 1950. Premières décennies durant lesquelles ils enchaînent les différentes productions centrées sur des créatures mythiques fantastiques et horrifiques (Dracula, Frankenstein, La momie, etc).

Ceci explique pourquoi ce sont encore ces studios reconnus qui se sont chargés de porter ce script une nouvelle fois dans les salles obscures, dans le but affiché de pouvoir relancer une saga moderne sur des monstres en démarrant par cet épisode.

De plus, le producteur Jason Blum, fondateur de Blumhouse Productions qui ont produit une foultitude de thrillers reconnus à bas coût durant cette dernière décennie (notamment les sagas Paranormal Activity, InsidiousAmerican Nightmare, Sinister, Split), a également supervisé ce projet.

Le réalisateur s'est entièrement réapproprié le thème du livre original, car si les différentes adaptations qui ont traversé les époques conservaient un minimum de fidélité au protagoniste imaginé par Wells, ici tout est réinterprété d'un œil neuf. En effet, le personnage principal n'étant pas l'homme invisible mais sa victime, cela nous fait adopter un point de vue inédit sur ce récit classique. Dans cette version, il est davantage question de nous immerger dans une descente aux enfers sur le thème nocif du harcèlement poussé jusqu'à l'extrême, plutôt que de nous conter la solitude et la démence d'un savant fou qui s'enfonce dans ses vices.

Un casting minimaliste suffisait à donner vie à cet exercice d'endurance puisque c'est l'excellente Elisabeth Moss (The handmaid's tale) qui incarne avec brio la pauvre Cecilia Kass aux prises avec Olivier Jackson-Cohen (The haunting of hill house) qui joue Adrian Griffin son petit-ami psychopathe. Heureusement elle pourra compter sur l'appui de sa sœur Emily interprétée par une Harriet Dyer (The inbetween) impassible, et le mari de sa soeur, James Lanier dont le rôle est tenu avec sobriété par Aldis Hodge (Ce que veulent les hommes).

Tiens, tu pourrais me passer le sel s'il te plait?

📖 L’histoire :

L'introduction s'ouvre sur une imposante villa sécurisée aux abords de San Francisco. Nous découvrons Cecilia dans son lit conjugal qui semble vouloir s'enfuir le plus discrètement possible sous le nez de son compagnon toujours endormi. Elle se fait récupérer par sa soeur Emily juste à temps, car Adrian, le fameux concubin avait bien fini par se réveiller.

Quelques semaines sont passées, nous retrouvons Cecilia traumatisée, qui est hébergée et soutenue par sa sœur, ainsi que la famille de cette dernière. Persuadée qu'Adrian demeure continuellement à sa recherche, elle explique alors à ses proches le calvaire qu'elle a subi pendant des années, entre manipulation mentale, contraintes physiques, et séquestration. Dans ce contexte, nous comprenons qu'elle dut survivre bien difficilement sous le joug d'un véritable pervers narcissique.

Cecilia apprend alors qu'Adrian est retrouvé chez lui mort, suicidé, après qu'elle l'ait quitté. Néanmoins, elle a beaucoup de mal à y croire et à tourner la page.

Puis, elle finit par assister à des événements étranges, effrayants, voire très menaçants qui polluent sa vie quotidienne tandis qu'elle essaye de se reconstruire en parallèle.

Son imagination lui joue-t-elle de mauvais tours? Sa santé mentale est-elle à remettre en cause? Ou bien, comme elle peut le suspecter, est-ce plutôt Adrian qui à trouvé le moyen de continuer à la traquer et à la persécuter sans qu'elle n'arrive à le (sa)voir?

La peur derrière la porte.

📹 Réalisation / mise en scène :


Dans cette mouture, tout est mis en oeuvre dans l'optique de nous faire ressentir la peur, l'angoisse, jusqu'à la panique même, et avouons-le, c'est parfaitement réussi de bout en bout. Ils ont opté pour des environnements ouverts réalistes aux éclairages naturels, et ont misé sur des mouvements de caméra intrigants, renforçant indéniablement l'immersion et la curiosité des spectateurs. Sans oublier la symétrie soignée du cadre de l'image que nous pouvons apprécier dans la plupart des plans choisis.

Elisabeth Moss crève l'écran en tant qu'héroïne! Son personnage de Cecilia, qui monopolise complètement le temps de présence à l'image, évolue dans différents états extrêmement crédibles et cohérents. D'abord fragile et vulnérable, elle gagne ensuite en force de caractère et devient totalement déterminée, puis finalement sombre dans l’hystérie, avant de reprendre son courage à deux mains et faire preuve d'une grande bravoure. La comédienne de talent arrive à nous montrer une palette d'émotions absolument remarquable, qui se reflète de manière vraiment limpide sur sa façon d'être et d'agir, on croit sincèrement à sa condition de victime effrayée mais combative. Une prestation d'actrice de très haut niveau.

Les scènes d'action persistent dans la même ambiance oppressante que le reste du visionnage et nous retenons notre souffle jusqu'à ce qu'elles s'achèvent. La bande-sonore accompagne le suspense haletant et le sublime, avec une utilisation ingénieuse des silences qui accentue d'autant mieux les passages musicaux, basés principalement sur des instruments à corde histoire de rendre hommage à un certain "Psychose" de Alfred Hitchcock au passage.

Les effets spéciaux paraissent peut-être basiques, cela ne les empêche pas d'être d'une efficacité redoutable. Rien d'exceptionnel ici, Nulle esbroufe afin d'épater la galerie, mais simplement des effets visuels percutants et saisissants en pleine adéquation avec l'atmosphère inquiétante qui pèse sur les épaules de notre héroïne. D'autant qu'ils ont réussi à élaborer un moyen inventif et judicieux de sorte à rendre ce sujet surnaturel suffisamment rationnel pour que l'on puisse y adhérer pleinement.

Quand tu es à couteaux tirés avec ton ex.

💛 Impression générale :

Même en n'étant pas forcément amateur des films du genre, Invisible Man arrive à tous nous garder scotchés à notre siège, du début à la fin. Son parti pris de thriller fantastique et dramatique, qui développe le thème du harcèlement, et de sa dangerosité physique et mentale, fait de ce scénario une poursuite réellement stressante et palpitante à suivre.

Il se trouve que cette réalisation ressort en grande gagnante de la période du confinement généralisé des populations puisque, n'ayant coûté que 7 millions de dollars, il en aura rapporté 131 millions à l'international. Un carton amplement mérité ! Bonne nouvelle donc, quant à l'avenir de cette future saga monstrueuse qui se profile à l'horizon (avec un nouveau Dracula en prévision), car au niveau du box office mondial et aux yeux du public, la précédente tentative des studios Universal, La momie avec Tom Cruise, était resté assez... invisible.

Puisque je vous dis que mon ex copain décédé est devenu un homme invisible! JE L'AI VU !

🏆 Notes parmi l'équipe :

Damien

Critique rédigée par Damien